La Trame Noire : préserver la nuit

Trame Noire : un état des lieux du bassin versant

La Trame Noire est un outil d’aménagement du territoire qui vise à préserver et restaurer l’obscurité nécessaire à la biodiversité nocturne. Elle complète les Trames Verte, Bleue et Turquoise, en permettant d’identifier les zones de pénombre encore fonctionnelles, les corridors écologiques nocturnes, les obstacles créés par la lumière artificielle, et les actions à mener pour réduire les nuisances lumineuses.

Dans la continuité de la Trame Turquoise, le Syndicat de Bassin Versant de la Reyssouze s’est engagé en 2024 dans une étude approfondie de la Trame Noire. Ce travail, mené avec les bureaux d’études TerrOïko et DarkSkyLab, a permis de dresser un diagnostic inédit du territoire vu… de nuit.

Cette étude nous permet d’identifier les zones encore fonctionnelles à préserver (réservoirs, cours d’eau, corridors) et les zones à restaurer en réduisant ou adaptant l’éclairage dans les secteurs identifiés comme obstacles.

La Trame Noire est un levier pour intégrer l’obscurité dans les politiques publiques : planification territoriale, restauration des milieux, sensibilisation des habitants. Elle nous invite à considérer la nuit comme un élément vivant du paysage, fragile, précieux, à reconquérir.

Définition de la Trame Noire - 2024

Ce que nous avons appris :

du territoire exposé
0 %
des linéaires des cours d'eau concernés
0 %
de perte de la focntionnalité écologique
22 à 0 %

Notre territoire est fortement exposé : l’étude montre que plus de 90 % du bassin versant est concerné par des niveaux significatifs de pollution lumineuse. Les zones les plus touchées sont les grandes agglomérations (Bourg-en-Bresse, Mâcon), les axes structurants (A6, D975) et les zones d’activités.

Des espèces emblématiques sont menacées : la lumière artificielle perturbe gravement la vie nocturne. Parmi les espèces modélisées :

    • Le Murin de Daubenton, chauve-souris chassant au-dessus des rivières, voit ses déplacements interrompus par les halos lumineux ;

    • Le Sonneur à ventre jaune, amphibien des zones humides, voit sa reproduction fragilisée dans les milieux éclairés ;

    • La libellule Oxygastra curtisii, espèce patrimoniale liée aux rivières, est attirée par les éclairages et déroutée de ses habitats ;

    • Le Campagnol agreste, petit mammifère des prairies humides, limite ses déplacements nocturnes, ce qui affecte la dispersion génétique.

La modélisation réalisée via le logiciel SimOïko montre une perte moyenne de 22 à 25 % de fonctionnalité écologique sur certaines espèces à cause de la lumière. Cela affecte directement leur capacité à accomplir leur cycle de vie et à se déplacer entre habitats.

La discontinuité Nord-Sud est préoccupante : si les milieux naturels les plus favorables se trouvent encore globalement en dehors des zones les plus éclairées, certains obstacles créent une barrière majeure à la connectivité nocturne, notamment entre le sud de Bourg-en-Bresse et la plaine de Bresse. Cela fragilise le fonctionnement d’un corridor identifié dans le Schéma Régional de Cohérence Écologique. Ce document de planification stratégique, élaboré à l’échelle de chaque région, vise à préserver et restaurer les continuités écologiques.

Perspectives

Grâce à cette étude, le Syndicat dispose désormais :

  • d’une cartographie technique de la pollution lumineuse ;

  • d’un référentiel écologique nocturne, croisant biodiversité, corridors, obstacles et éclairages ;

  • d’éléments concrets pour accompagner les politiques d’éclairage du territoire, notamment dans le cadre des extinctions nocturnes, rénovations ou réorientations de candélabres.

Cette Trame Noire vient renforcer notre Trame Turquoise : elle permet d’affiner les priorités sur les milieux aquatiques et humides, en tenant compte de l’environnement nocturne.

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